Pourquoi pas moi ? Pourquoi cette infertilité?
Combien de fois je me la suis posée cette question? Je ne le compte même plus… et combien de fois elle résonnait en moi, de façon si intrusive et permanente? De façon consciente et inconsciente…
Le matin au réveil ou quand je croisais des parents amener leurs enfants à école,le midi quand mes collègues parlaient de leurs enfants, le soir, la nuit ou quand j’allais me faire des prises de sang et que je croisais une ribambelle de femmes enceintes venues faire leurs analyses… ou pire encore, ce jour où je suis venue voir l’anesthésiste en vue de ma FIV et que le jeune couple devant moi à l’accueil venait pour avorter … et moi pour mon infertilité… Quel cruel paradoxe!
Et je la posais dans tous les sens :Pourquoi moi? Pourquoi pas moi? Pour quoi nous? Pourquoi pas nous?
Tantôt j'englobais mon couple, aussitôt que moi... j'étais véritablement perdue.
Pourquoi ça tombe sur moi? sur nous? Qu’est ce que j’ai bien pu faire de si mal pour qu’on me « punisse » de la sorte? qu’on m’inflige cette infertilité?
Je ressentais ça comme ça au départ comme une injustice, une punition de la Terre, du ciel… en quelque sorte une malédiction. J’étais en colère contre la vie en général.Je ressentais le besoin d’avoir un enfant![/button]
Progressivement cette colère s’est déplacée envers ceux qui réussissaient à avoir des enfants. Je me demandais pourquoi eux y parvenaient et pas nous. On a bien souvent besoin de rendre quelqu’un responsable de notre malheur …
D’autres questions apparaissaient ensuite: A quel moment on a loupé quelque chose? Qu’est ce qu’on a « mal » fait dans notre parcours?
Le pire c’était lorsque je voyais des parents qui s’occupaient mal de leurs enfants, enfin d’après ma vision à moi, je ressentais cette injustice en me disant qu’ils seraient tellement mieux dans une famille aimante comme la nôtre. De plus, avec mon métier de professeur des écoles où je côtoyais des enfants et des parents tous les jours.
J’ai vite compris que: Ce que les autres « ont » et que nous voudrions « avoir » et ce qu’ils « sont » et que nous avons envie « d’être », TOUT nous atteint et vient piquer au vif notre vulnérabilité.
Et pourquoi on permettait à ces personnes d’avoir des enfants et pas à nous?! Grande question qui resta un moment sans réponse…
Puis un jour, j’ai essayé de prendre cette question différemment et surtout à m’intéresser à un petit mot de cette question: « MOI ». En effet, quand la vie se déroule facilement, sans encombres si je peux dire, on ne se questionne pas toujours sur soi, son existence … en revanche, quand nos voeux ne se réalisent et en l’occurence, ce besoin d’enfant non satisfait, on essaie de creuser un peu plus.
Cette frustration est donc une occasion d’aller plus loin dans l’exploration de soi.
Je suis donc partie à la découverte de moi même et ce que j’ai découvert m’a transformé radicalement.
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J’ai appris à mieux me connaître, me recentrer sur moi même et retrouver le chemin de l’expression de mon intériorité. Evidemment, Il est nécessaire de s’investir personnellement, intérieurement pour « s’approprier » les détours que la vie nous impose. Nous avons tous une partie consciente mais notre partie inconsciente reste à découvrir, c’est la part invisible de l’iceberg.
L’inconscient c’est ce qui fait qui nous sommes mais ce dont on a pas conscience comme nos souvenirs douloureux refoulés, notre vécu depuis l’histoire de l’humanité… c’est ce qui est inscrit en nous. C’est un moteur extrêmement puissant de nos désirs et de nos actions. On y découvre alors nos mécanismes inconscients et nos schémas répétitifs. En découvrant la part de l’inconscient dans notre fondation, on se sent moins victime d’un destin qui nous frappe mais on se sent plus partie prenante, à notre insu évidemment, d’un symptôme qui nous protège tout en nous faisant souffrir terriblement. Ça permet alors un retournement de la situation où l’on ne remet plus la faute uniquement que sur les autres ou la vie… L’inconscient est au coeur de tous les symptômes qui affectent le corps, de nombreuses maladies mais surtout pour notre cas ici: de l’infertilité suspens d’une fonction biologique.
Lorsqu’on parvient à y voir plus clair, cela permet d’avoir confiance à nouveau en la vie et nous voyons plus clairement notre parcours de vie. C’est le début des premières explications aux nombreuses questions qu’on a pu se poser au départ. Quel soulagement !
Avant d’avoir atteint cette étape, il faut être prêt humainement à accepter que ce problème « mécanique » comme nous l’explique les médecins au départ serait aussi lié à un problème « psychique ».
Evidemment, tout ce processus ne s’est pas fait en quelques jours mais plutôt en quelques semaines … voir quelques mois, chacun avance à son rythme. Il faut du temps après chaque étape franchie.
Toutes ces étapes nous permettent aussi de redécouvrir notre corps, être davantage à son écoute et à ses petits soins…
La connaissance de soi nous entraîne très vite ensuite vers la découverte de notre lignée familiale. Chaque situation familiale étant unique, il faut partir dans l’exploration de celle ci, l’éclairage de son système familial avec un regard transgénérationnel est le début d’une grande aventure.
Après des débuts difficiles et ces questions qui me tiraillaient je peux maintenant affirmer avec fierté que:
--> C’est la souffrance qui nous fait bouger. Les difficultés nous font évoluer. Sinon, pourquoi changerions nous un comportement adapté et efficace qui nous permet de vivre selon nos souhaits?
C’est vraiment lorsque la dose de souffrance dépasse notre limite du supportable que nous décidons de changer.
Et durant ce parcours semé d’embuches, de joie parfois et de profonde tristesse aussi, je suis sortie grandie: j’y ai appris des choses précieuses sur moi, mon corps, ma façon de fonctionner, mon histoire familiale… et je ne crois pas que j’aurais bouger et évoluer si je n’avais pas du faire face un jour à cette grande souffrance que je ne pensais sincèrement ne pas connaître …
ET contre toute attente, ce changement m’a apporté bien plus puisqu’il m’a apporté ce bébé tant attendu…
Le petit bonus après ce parcours est que l’on connaît parfaitement nos mécanismes psychiques, affectifs et émotionnels donc ce que nous transmettons par la suite à notre futur bébé.